vendredi 25 avril 2008

Le président du Kosovo impliqué dans un trafic d'organes ?

D'accord, ce n'est plus vraiment d'actualité mais le sujet reste intéressant : le trafic d'organes est-il toujours une réalité dans l'Europe d'aujourd'hui ?





Avez-vous déjà entendu parlé du dernier livre de Carla Del Ponte, l'ex-procureure du tribunal pénal pour l'ex-yougoslavie (TPIY ) ? Il s'intitule "la chasse, moi et les criminels de guerre" et n'est pas encore publié en français, donc il faut maîtriser l'italien (ou alors, croire les critiques et journalistes qui l'ont lu pour nous). Bref, ce livre accuse certains dirigeants du Kosovo, dont l'actuel Premier ministre, Hashim Thaçi, de trafic d'organes. Un trafic qui aurait été opéré en 1999, avec les organes de 300 prisonniers serbes.


Aucune preuve vérifiée


Revenons en arrière. En 2003, Carla Del Ponte est alertée par des journalistes : ils prônent l'existence d'une maison où se seraient produits ces exactions. L'ex procureure demande que les témoignages soient vérifiés, et envoie sur place une mission de vérification. Résultat : des éléments médicaux s'avèrent être suspect mais aucune preuve n'est trouvée. En tout cas, la mission affirme ne pas avoir trouvé assez d'éléments pour ouvrir une enquête.

Pour une ex-procureure, et surtout pour une actuelle ambassadrice de la Suisse en Argentine qui a un certain devoir de réserve, baser un livre à charge sur des témoignages attire forcément les foudres. Dans son livre, elle avoue elle-même ne pas disposer de réelles preuves. Elle souhaitait que d'autres juges poursuivent l'affaire derrière elle. Sans succès.



Voilà pour le cas "Carla" (pour une fois qu'on ne parle pas de Carla B.). Qu'on adhère ou non à sa manière de sauter les deux pieds dans le plat, le livre de Carla Del Ponte a le mérite de parler du trafic d'organes. Aujourd'hui, le trafic d'organes n'est pas reconnu comme un "grand trafic", terme dont on affuble les trafics d'êtres humains, d'armes, de stupéfiants et de véhicules volés. Pourtant, il est une réalité.


Un foie à 125 000 dollars


On les appelle des bourses à organes : des sites Internet où sont vendus des organes. Ils sont de moins en moins accessibles. Au bout de la chaîne, la plupart du temps, la Chine et le Pakistan qui abreuvent le monde entier de reins, de foies et autres organes. Où les trouvent-ils ? En Chine, les condamnés à mort seraient dépouillés de leurs organes, le trafic s'appuyant sur une loi de 1984 qui autorise le prélèvement d'organes sur des condamnés à mort dont les familles ne réclament pas les corps. Ce que l'on ne dit pas c'est que des pressions sont exercées sur les familles pour qu'elles ne réclament pas les corps, quand elles sont au courant de l'exécution de leur proche. Il y a quelques années, un exécuté chinois rapportait environ 400 000 dollar. A ce rythme là, on comprend mieux pourquoi l'abolition de la peine de mort est loin d'être d'actualité...Et les autres organes - ceux qui n'appartenait pas à des condamnés à mort, ils sont le fruit d'un trafic où l'on peut promettre à des pauvres un boulot et où ils se réveillent quelques heures plus tard avec un rein en moins.
Et ces sites trouvent preneurs - très peu d'Européens (cela toucherait 5 ou 6 cas par an en France). Mais ils peuvent toucher des habitants du Moyen -Orient, par exemple, où la transplantation est interdite. Commptez 125 000 dollars pour un foie...


Où en est ce trafic aujourd'hui ? Les organisations scientifiques auraient fait pression sur les médecins qui s'adonnaient à ce genre de pratiques, et cela aurait diminué le trafic (difficile d'en parler autrement qu'au conditionnel). En effet, impossible de se passer d'un médecin pour faire une transplantation. Un trafic d'organes est particulièrement difficile à mettre en place - est-ce réellement possible à organiser dans un pays très pauvre ? En tout cas, qu'on se rassure, il paraît qu'en Europe, la traçabilité des organes est...totale.