lundi 16 juin 2008

Non, non et non : l'Irlande vote contre le traité constitutionnel


Et c'est reparti comme en 2005. L'Europe, vous la voyez autrement qu'en vaste ensemble burotico-bureaucratique, dénié de toute considération sociale ? Et bien bon courage ! En Irlande, on a échappé au couplet sur les plombiers polonais, mais au final, le résultat est le même qu'en France et aux Pays-Bas en 2005 : NON. Non au traité constitutionnel, appelé traité de Lisbonne, avec 53,4 % des voix contre 46,6 % (53,1 % de partiipation). NON à l'Europe actuelle.


Pour une Europe qui se cherche une population (un peu plus) aimante, c'est un coup de massue, un de plus. Les Irlandais étaient les seuls chez qui la ratification du traité de Lisbonne passait par la voie référendaire. Bizarrement, ils sont les premiers à dire non.


Forcément vient la question du pourquoi-tant-de-haine ? En deux décennies, l'Irande est devenue une des plus belles réussites de l'Europe. Une croissance folle, un chômage en chute libre. Mais l'Europe, contrairement aux hommes politiques de chaque pays, ne promet pas monts et merveilles. Elle ne dit pas qu'elle va sauver votre quotidien. Elle n'a pas de visage sur lequel on peut cracher. Elle n'émeut pas, et on lui reproche tout. On lui reproche de ne pas être assez sociale (mais est-ce le but d'un traité constituionnel, d'être social ??), on lui reproche aussi de ne pas laisser assez de liberté aux entreprises ; on lui reproche de gommer les nationalités, on lui reproche son fonctionnement compliqué, ses hommes en costume dans des bureaux. Et puis, tous les chefs d'Etat de l'UE sont en faveur de sa construction, tous sont pour le "oui" à ce fameux traité constitutionnel alors forcément, ça a quelque chose de louche. Les élites disent oui, je dois sûrement dire non.






Alors, qu'est-ce qu'on fait maintenant ? Comment on explique que la France, l'Irlande et les Pays-Bas ont besoin de l'Europe ? Messieurs les nonistes, c'est quoi le plan B dont vous nous parliez tant en 2005 ? Certains pays, comme la République Tchèque, souhaitent qu'on enterre le traité là, quelque part entre Dublin et les lacs du Connemara. D'autres, comme la France sarkozienne, veulent que la ratification se poursuive, histoire de mettre la pression sur l'Irlande et de l'isoler. J'ai le souvenir qu'on avait le regard moins fier quand ce sont nous autres les Français qui avaient stoppé le processus la première fois. En fait, les politiques européens espèrent que l'Irlande revotera le même traité, avec quelques amendements, dans quelques mois. Il faut dire qu'en 2001, l'Irlande avait d'abord rejeté le traité de Nice, avant de l'applaudir un an plus tard. Mais est-on assez bête pour penser que cela sera toujours aussi simple ? Et bravo pour cette belle leçon de démocratie : on laisse parler les gens, mais quand ils se trompent, on les fait recommencer. D'ailleurs, Nicolas Sarkozy a qualifié ce triste "non" d'"incident". Pour celui qui se targait il y a un an d'avoir remis l'"Europe sur les rails", c'est pourtant un revers. Auquel il va falloir trouver une solution. Mais laquelle ?

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