jeudi 27 décembre 2007

Italie -- le père Noël fait 170 000 heureux

Le père Noël italien ne récompense que les immigrés les plus chanceux. Les autres repartent sans rien, profondément déçus. Merci l’esprit de Noël ! Explication : la loi Bossi-Fini (2002) a instauré une « loterie des immigrés » annuelle. L’idée ? Un système de quotas détermine chaque année le nombre d’immigrés que l’Italie peut accueillir en fonction des besoins du marché du travail. Le 15 décembre dernier, 170 000 heureux ont décroché le précieux sésame : un permis de séjour en Italie.






Un gouvernement high tech

Comment départager tous les prétendants au titre ? Déjà, il faut que les immigrés qui en font le demande aient un contrat de travail en bonne et due forme. Pour augmenter ses chances, mieux vaut être employé de maison : cette année, 65 000 permis de séjour ont été délivrés à des immigrés travaillant dans le secteur de l’aide à la personne. Ensuite, 47 100 sésames sont réservés aux ressortissants de pays ayant signé un accord de coopération avec l’Italie. L’an passé, ces conditions n’ont pas empêché les scènes de bousculade. Alors, répétons la question, comment départager tous ces prétendants ? En les faisant jouer dans un jeu de télé-réalité où les téléspectateurs voteraient pour leur « immigré préféré » ? Non, plutôt en valorisant ceux qui maîtrisent l’outil informatique. Cette année, le gouvernement italien a décidé d’attribuer ces permis de séjour aux plus rapides à la demander sur…Internet. On est un gouvernement « high tech » ou on ne l’est pas. Sachant, selon l’institut de sondages Censis, que seulement 45 % des Italiens sont connectés à Internet, la méthode peut interroger. De multiples actions d’information sur l’informatique ont d’ailleurs vu le jour.

Gouvernement Prodi : du nouveau en matière d’immigration

L’occasion de zoomer sur les politiques d’immigration en Italie. Quelques chiffres, d’abord : l’Italie compte environ 3.5 % d’étrangers. Un pourcentage relativement bas, qui s’explique en partie par la tradition d’émigration de la péninsule jusqu’aux années 1970 (notamment vers la France). L’Italie a un solde migratoire positif depuis quelques années seulement. En 2000, il était de + 1.3 millions d’étrangers ; en 2007, ce chiffre est de 3 millions. Les Albanais constituent la plus grosse communauté d’étrangers.
Qu’en est-il des lois d’immigration ? La plus célèbre est celle de Bossi et Fini, deux fidèles de Silvio Berlusconi, l’ancien chef d’Etat italien (droite traditionnelle), votée en 2002. En plus de cette politique de quotas, cette loi a réduit l’impact de l’Institut de Réunions des familles (loi Turco-Napolitano en 1998) qui permettait de regrouper toute une famille d’immigrés, jusqu’au 3e degré. La loi Bossi-Fini a subordonné l’entrée des parents d’un immigré avec papiers sur le sol italien à la condition qu’ils n’aient pas d’autres fils dans leur pays d’origine.


Le gouvernement Prodi a fait d’une de ses priorités un changement dans la politique d’immigration. L’an passé, 520 000 clandestins ont été régularisé – dont 350 000 l’été dernier : un « acte d’équité sociale » pour Romano Prodi, le chef du gouvernement italien. Ses projets ? Abandonner, par exemple, le droit du sang au profit du droit du sol. Concrètement, celui qui naît en Italie pourrait être Italien si ses parents vivent en Italie depuis 5 ans. En effet, depuis octobre dernier, seulement 5 ans passés sur le sol italien sont nécessaires pour demander la nationalité italienne (10 auparavant).

Mais le gouvernement Prodi devra faire preuve de grande volonté pour enrayer le racisme que suscite généralement des politiques d’immigration plus souples. Ainsi la remarque, cet automne, de Giorgio Bettio, conseiller municipal de Trévise et membre du parti populiste de la Ligue du Nord : il proposait « d’utiliser les mêmes méthodes que les nazis » afin de faire comprendre aux immigrés comment ils doivent se comporter ». Et, puisqu’on parle d’expulsions, de sans papiers et de racisme, je ne résiste pas à la tentation : écoutez ça.






Aucun commentaire: