Soupir de soulagement pour les partisans de Mikheïl Saakachvili. Selon la Commission électorale centrale, le jeune président de la Géorgie a été réélu dimanche 6 janvier 2008, avec environ 52,8 % des suffrages exprimés. 46 % des 3,3 millions d’électeurs se seraient déplacés vers les urnes. Cette réélection est vivement contestée par l’opposition de cette petite république du Caucase, qui dénonce des « résultats truqués ». Démenti de l’OSCE (Organisation pour la Sécurité et la Coopération Européenne) : malgré quelques « lacunes », le scrutin serait « valide », ayant offert une réelle « concurrence » entre les candidats.
En 2003, Mikheïl Saakachvili est applaudi par les démocrates du monde entier. Leader de la révolution de la Rose, il est élu triomphalement à la tête de la Géorgie en janvier 2004, avec 96 % des voix. Exit les fervents admirateurs de la politique de Moscou. Bienvenue aux supporteurs des Etats-Unis. Pourtant, après une manifestation d’opposants violemment réprimée en novembre dernier et l’intrusion des forces spéciales dans la chaîne d’opposition Imedi, accusée de fomenter un coup d’Etat, les puissances occidentales ont fait pression sur Saakachvili pour qu’il remette son titre en jeu. Des élections anticipées qui ont rapidement tourné au référendum : pour ou contre celui qu’on surnomme « Micha » ? A son actif, un bilan économique et sécuritaire qui laisse songeur : une croissance variant entre 9 et 12 %, des investisseurs étrangers qui se bousculent au portillon, les rangs de la police épurés, une lutte contre la corruption qui semble porter ses fruits. Mais cette politique ultra-libérale a profondément creusé les inégalités : la pilule est difficile à avaler pour des Géorgiens qui restent, dans leur majorité, particulièrement pauvres. Beaucoup de réformes ont été passées en force, et pour cause : à part à Tbilissi, l’opposition reste relativement faible. Accusé d’autoritarisme, le régime de Saakachvili a organisé ces élections anticipées pour se racheter une conduite aux yeux des pays occidentaux qui le soutiennent.
La Géorgie comme enjeu énergétique
Pari, pour partie, réussi. Les occidentaux ont parlé d’un « triomphe de la démocratie ». Pour Georges Bush, la Géorgie est même le « phare de la démocratie ». Mais quel peut bien être l’intérêt des Etats-Unis à défendre ce petit pays du Caucase? En premier lieu, un intérêt énergétique et financier.
La Mer Caspienne contiendrait 110 milliards de barils de pétrole. Son énorme production ne peut être chargée sur des pétroliers qu’à condition d’être d’abord acheminée par oléoduc jusqu’à la mer Noire, la Méditerranée ou le golfe Persique. L’idée des Etats-Unis ? Contourner la Russie, et construire un immense oléoduc baptisé BTC. Bakou-Tbilissi-Ceyhan. Les bords de la mer Caspienne sont donc reliés aux marchés occidentaux par l’Azerbaïdjan, la Géorgie et la Turquie, ce qui a provoqué la colère de Moscou. Or la Géorgie peut difficilement se permettre de rompre tout contact avec la Russie. Tbilissi a toujours des difficultés à se relever du blocus économique imposé par Moscou depuis 2006. Plus grave : la Russie soutient l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud (voir carte), deux provinces séparatistes, et a donc les cartes en main pour allumer les braises d’une nouvelle guerre civile. La dernière, en 1992, a obligé 250 000 personnes à migrer, provoquant des milliers et des milliers de morts.
Lire le rapport du CEPES sur la guerre civile qui a ravagé la Géorgie dans les années 1990, cliquez ici.
Pour plus d’informations sur l’importance de la politique énergétique en Géorgie, cliquez ici.
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