mardi 12 février 2008

Ayaan Hirsi Ali : bientôt française ?

Ayaan Hirsi Ali. Vous avez peut-être déjà entendu ce nom. Normal, ces derniers jours, cette femme soudanaise est apparu sur tous les écrans. Ayaan Hirsi Ali est condamnée à mort dans plusieurs pays musulmans, dont le Soudan. Son « crime » ? Avoir critiquer vertement l’islam, alors qu’elle était députée des Pays-Bas.

Pour les anglophones, je vous laisse découvrir cette interview d’ Ayaan Hirsi Ali.





Pour les non-anglophones (!), résumons.

Après avoir eu une jeunesse de musulmane opprimée (excisée, voilée, mariée de force), la jeune femme suis son père, Hirsi Magan, un intellectuel qui a étudié aux États-Unis dans les années 1960, dans un long exil politique, d'abord en Arabie saoudite et en Éthiopie puis au Kenya. Elle est ensuite envoyée en Allemagne où elle est hébergée par sa famille en attendant d'obtenir les documents nécessaires pour pouvoir se rendre aux Etats-Unis en vue d'y être mariée. Elle a 22 ans. D'après RFI, ses parents proches et son ex-mari, un Somalien installé au Canada, s’accordent tous pour dire qu’elle était consentante le jour de la cérémonie.

Elle s'enfuit alors vers les Pays-Bas, où elle obtient l'asile politique en 1992 (en mentant sur son âge et sa situation - elle dit avoir connu les atrocités de la guerre civile en Somalie alors qu'elle était au Kenya au même moment, un pays en paix où elle avait déjà le statut de réfugié). À partir de 2001, chercheuse dans un think tank (groupe de recherche) du Parti des travailleurs aux Pays-Bas, elle travaille sur l'intégration des femmes étrangères (et plus particulièrement musulmanes) dans la société néerlandaise. En novembre 2002, elle adhère au parti libéral VVD où ses idées provocantes sont plus acceptées. Elle est élue au Parlement en 2003. Elle réussit alors à faire adopter une proposition de loi réprimant sévèrement la pratique de l'excision. Son crédo ? PROVOQUER : en 2002, elle qualifie l'islam de "culture rétrograde", choque de nouveau en 2004 en parlant de Mahomet comme d'un "pervers" et un "tyran", et assimile même l'islam à un "nouveau fascisme" dans un récent entretien avec The Independent.


Rencontre avec Théo Van Gogh

Autre point important du parcours d’Ayaan Hirsi Ali : sa collaboration avec Theo van Gogh, débutée en 2004. Ils écrivent ensemble le scénario d'un court-métrage portant sur la condition des femmes dans le monde musulman, en insistant sur les violences qui sont faites aux femmes au nom de l'islam. Le film est baptisé Soumission et raconte l'histoire d'une fille violée et battue par sa famille. Ce film provocateur, où des calligraphies du Coran, livre sacré des musulmans, sont inscrites sur la peau des actrices, entraine la colère des musulmans hollandais. Après l'assassinat de Theo van Gogh, le 2 novembre 2004, Ayaan Hirsi Ali est menacée de mort.

Polémique. Ayaan Hirsi Ali est également au centre d’un documentaire diffusé à la télévision néerlandaise. Elle y reconnaît avoir menti sur son identité et son âge pour obtenir l'asile politique et échapper à un mariage forcé. La ministre de l'intégration Rita Verdonk, bien que membre comme elle du VVD, tente d'utiliser ce fait pour la déchoir de sa nationalité, mais échoue face à une motion des députés votée à la majorité. Face à cette polémique, la jeune femme soudanaise, surnommée "la Voltaire des temps modernes", en référence aux combats passionnés de ce dernier contre le cléricalisme, démissionne de son siège de député et s'exile aux Etats-Unis.
Elle y est recrutée par l'American Enterprise Institute, un think tank néoconsevateur proche de l'administration Bush. Rita Verdonk, désavouée par son parti et l'opinion publique, renonce tout de même, en juin 2006, à déchoir de ses droits civiques Ayaan Hirsi Ali. Rita Verdonk parvient néanmoins à user de certaines lois pour contraindre le gouvernement à retirer, en octobre 2007, la protection rapprochée qu'il avait accordée à Ayaan Hirsi Ali. La raison ? Le fait qu’elle ne soit plus sur le territoire national. Le gouvernement américain ne peut pas non plus lui accorder une protection, Ayaan n'étant pas de nationalité américaine. Aujourd’hui, elle est contrainte de financer elle-même sa protection privée.





Ayaan Hirsi Ali française ??

Beaucoup plaident pour la naturalisation française d’ Ayaan Hirsi Ali, prenant au mot Nicolas Sarkozy qui, au soir de son élection, s’était exclamé : "A chaque femme martyrisée dans le monde, je veux dire que la France offre sa protection en lui donnant la possibilité de devenir française." Alors quid d'une future naturalisation ? Par la voie de Rama Yade, l’Elysée aurait transmis un « Nous y réfléchissons ». Nicolas Sarkozy a également annoncé vouloir mettre en place "un fonds communautaire" pour assurer la protection des personnes menacées. Reste à percevoir la différence entre une énième annonce politique et la réalité.



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