vendredi 28 mars 2008

Fitna, le pamphlet provocateur contre le coran



Je vous parlais il y a trois jours du député populiste Geert Wilders (photo ci-dessus) et de son pamphlet contre le Coran, Fitna. Suite de l’épisode : ce petit film d'une quinzaine de minutes est diffusé sur Internet depuis hier. Aux Pays-Bas, on s’inquiète des retombées démocratiques et Jan Peter Balkenende, le premier ministre, a déclaré solennellement , "regretter" cette diffusion. "Le film amalgame islam et violence, nous rejetons cette interprétation".

Un film provoquant, provoquant et provoquant
Le film est particulièrement provocateur, ce qui ne lui donne aucune crédibilité. Certaines scènes sont choquantes (le cri d'un homme qui se fait égorger est insoutenable), d'autres traumatisantes. Sur fond de musique dramatique, on revoit les images des attaques du 11 septembre, celles des attentats de Madrid et de Londres. Evidemment, compilées, ces images sont d'une violence inouïe. La suite est une superposition de citations du Coran et de propos virulents de prêcheurs radicaux, souvent antisémites. On n'entend pas une seule fois la voix de Geert Wilders.

Mais quelle peut être la pertinence d'un tel film ? Des extraits du Coran sont traduits en anglais, mais ne devons-nous pas douter d'une traduction ouvertement provocatrice ? Et puis, comment interpréter un texte avec nos yeux d'occidentaux, qui plus est, dans notre monde actuel ? Le film Jesus Camp montre bien que, s'il y a des fondamentalistes religieux chez les musulmans, il y en a aussi chez les catholiques. D'autres scènes font réfléchir : le "God bless Hitler" barrant une pancarte ; la comparaison faite par une enfant voilée de trois ans et demi des juifs avec des cochons ; la volonté de certains imams de "dominer le monde". Mais, autant ces images sont choquantes et condamnables, autant elles sentent la propagande à plein nez pour forcer le spectateur à assimiler ces violences avec la religion musulmane. Faites vous votre propre opinion, et partagez la sur ce blog :



Alors que M. Wilders avait empêché tout visionnage préalable de son film, la question va désormais se poser de sa légalité. Selon le député, cette production est "convenable et n'enfreint pas la loi".

Les Pays-Bas craignent à présent une réaction violente dans le monde musulman. Dès l'annonce de ce projet, en novembre, des pays comme l'Iran ou l'Egypte se sont indignés, menaçant les Pays-Bas d'un boycott économique. Fin février, les talibans ont menacé d'attaquer les quelque 1 660 soldats néerlandais déployés en Afghanistan dans le cadre de la Force internationale d'assistance à la sécurité (ISAF) si ce "film insultant" était diffusé. De nombreuses associations musulmanes néerlandaises ont déjà appelé les fidèles au calme. (lu dans Le Monde)

mercredi 26 mars 2008

Eurovision : 50 ans de bonheur

Quoi, l'Europe ne vous passionne pas ? Vous avez beau protester, tout les ans apparaît sur nos écrans LA référence en matière de culture européenne. Oui, oui, un moment où des milliers, que dis-je, des millions d'Européens appuient frénétiquement sur leurs téléphones portables pour sauver leurs candidats. Vous l'aurez compris, petit zoom sur l'Eurovision. Pour se mettre en bouche, petit tour d'horizon de moments gravés dans la mémoire commune européenne (n'ayons pas peur des mots).

La chanteuse insoupçonnée. Saviez-vous que Séverine Ferrer, présentatrice émérite de Fan de dans les années 1990, avait représenté Monaco en 2006 ? Elle s'est (bizarrement) arrêté au stade des demi-finales.

L'ovni drag queen. L'an passé, l'ukrainien Verka Serduchka a déclenché une polémique en se travestissant en paysanne ukrainienne. Beaucoup se sont offusqués de la mauvaise image donnée des Ukrainiens. Andriy Danilko (c'est son vrai nom) s'est dit "écoeuré" par les critiques.


Eurovision 2007 Ukraine Verka Serduchka - Danzing


L'ovni tout court. Qui ne se souvent pas de Lordi, le champion finlandais en 2006 ? Appréciez au passage les commentaires de Michel Drucker.




La super choré. Et pour les froufous, les filles revenues à l'état sauvage lorsqu'elles ne portaient que des string couleur savane, l'Eurovision met souvent le paquet. Applaudissons ensemble l'ukrainienne Ruslana, en 2004, qui termina...première !



Ukraine Music - Eurovision 2004


La (fausse ?) blonde.
Il fut un temps où l'Eurovision était bien plus sage. Flash-back en 1965 où une certaine France Gall interprétait une "Poupée de cire, poupée de son" flamboyante. (si vous ne l'avez pas vu depuis un moment, préparez-vous psychologiquement au changement).


France Gall - Poupee De Cire, Poupee De Son

Ca plane (pas trop) pour lui. Y'en a qui auraient pu voir leur carrière brisée par l'Eurovision, comme Plastic Bertrand, qui avait fini 21e en 1987 avec "Amour, amour".


1987 Luxemburgo - Plastic Bertrand


Le malaaade, complètement malaaade. Reconnaîtrez-vous ce jeune chanteur, qui avec "Un jardin sur la Terre" finit 10e en 1971 ?

La grande gagnante (et grande oubliée). Voici la dernière vainqueur française, Marie Myriam, avec "L'oiseau et l'enfant", en 1977 . Nostalgie, quand tu nous tiens.



Marie Myriam__________Eurovision 1977


Le futur perdant. L'Eurovision se tiendra cette année du 20 au 24 mai, à Belgrade, en Serbie. Et voilà le représentant de la France cette année, j'ai nommé Sébastien Tellier. Y'a quelqu'un qui m'a dit qu'on n'allait pas finir premiers...En espérant que la représentation scénique sera (un peu) meilleure que le clip.



Sébastien Tellier - Divine [Le Clip] [Eurovision 2008]


Et maintenant, un peu de journalisme ! L'Eurovision existe depuis 1956. Ce grand rassemblement est organisé par l'Union européenne de Radio-Télévision (U.E.R), regroupant des chaînes de télévision de 74 pays, dont 54 pays d'Europe (pour la France, c'est France 3 qui s'y colle).
Quelques points du règlement indispensables pour devenir de bons téléspectateurs : la chanson doit être inédite, ne doit pas dépasser trois minutes (ouf), les artistes doivent avoir 16 ans minimum, et ils n'ont pas le droit de chanter en play-back. Le concours est ouvert à tout membre actif de l'UER, ce qui explique pourquoi l'Algérie, la Maroc, Israël ou encore la Tunisie peuvent participer.

Vive la solidarité européenne !
Pour accéder à la grande finale, trois moyens : être le pays organisateur, avoir de l'argent et faire partie du Big 4, autrement dit des quatre plus gros contributeurs (l'Allemagne, l'Espagne, le Royaume-Uni et la France) ou bien figurer en bonne position lors des demi-finales organisées quelques jours avant la finale. Et nous tenons là une des explications à la question que tout le monde se pose : pourquoi la France n'a t-elle rien gagné depuis 1977 ? (La première explication est peut-être à chercher dans le clip de Sébastien Tellier mais chut c'est un secret) Non, la vraie explication, ce serait la frustration des autres pays participants. En effet, l'attribution du titre est essentiellement faite par télévote. Or l'organisation de l'Eurovision a mal expliqué aux téléspectateurs le pourquoi du comment les pays du Big 4 sont exemptés de demi-finales (mais parce qu'ils ont de l'argent, on vous dit !). Du coup, les Européens ne votent jamais pour les 4 mal-aimés. Ah bravo la solidarité européenne ! Y'a plus qu'une solution : ne plus financer l'Eurovision, pour leur apprendre, à ces pseudo chanteurs même-pas-français-qui-se-permettent-de-gagner-quand-même.

A Chypre, 1+1 = 1

Espoir de réconciliation entre les Grecs et les Turcs, à Chypre. Pour la première fois depuis l’invasion turque, en 1974, les dirigeants des deux parties de l’île se sont rencontrés à Nicosie, vendredi 21 mars, sous les auspices des Nations Unies.



Autant l’avouer tout de suite : cette rencontre entre le nouveau président chypriote grec, Demetris Christofias, élu le 24 février et le dirigeant de la République turque de Chypre Nord, Mehmet Ali Talat était surtout symbolique. Aucune mesure en faveur d’une réunification rapide des deux parties de l’île n’a été annoncée. Mais les deux parties ont souhaité engager de nouveaux pourparlers - tout en évitant soigneusement les questions qui fâchent. "Nous voulons résoudre le problème chypriote dès que possible", s'est engagé Mehmet Ali Talat. Il espère un accord définitif "d'ici à la fin de l'année 2008". Quant au nouveau président communiste (le seul de l'Union européenne), Demetris Christofias, il a annoncé vouloir tendre "une main de l'amitié au peuple chypriote turc et à ses dirigeants". Pour la première fois, Grecs et Turcs semblent ne plus vouloir se tourner le dos.

Ouverture de la rue Ledra
Depuis lundi dernier, des groupes de travail et des commissions techniques planchent sur le sujet. Première mesure : la réouverture à la circulation de la rue Ledra (photo), à Nicosie, d'ici début avril, bien aidée par quelque 100.000 euros débloqués par la Commission européenne. Cette rue est une véritable artère commerçante, qui traverse du nord au sud la capitale chypriote. Pour le moment, elle ressemble à une course d'obastacles et de pièges, bordée par de multiples maisons et magasins abandonnés. Un premier point de passage, celui du "Ledra Palace", plus éloigné du centre ville, avait été ouvert il y a cinq ans. Depuis, plus rien. Ce sixième point de passage ouvert dans la ligne Verte (appelée ligne Attila côté turc), mur qui sépare le nord du sud du pays, devrait permettre "plus de communication entre les gens, pour réduire le fossé qui s'est creusé entre les populations", selon Demetris Christofias.

Un peu d'histoire
La rue Ledra illustre à elle seule la complexe question chypriote. Revenons en arrière. En 1960, Chypre se sépare de la tutelle britannique. Le Président est grec, le Premier ministre est Turc, mais la paix ne durera pas trois ans. Déjà à l’époque, des exactions intercommunautaires entre Chypriotes grecs et turcs avait initié le regroupement des populations au Nord et au Sud - la ligne verte est née en 1964. En 1967, la dictature des colonels s'installe en Grèce : plus question d'évoquer un rapprochement avec Chypre. Mais le 15 juillet 1974, les Colonels renversent la démocratie chypriote. L'armée turque vient apporter un soutien appuyé à la minorité turque du pays, et fait chuter la dictature grecque. Le problème, c'est que l'armée turque n'est jamais repartie et occupe toujours un tiers du territoire. A l'époque, elle en profite pour imposer par la force la partition de l'île. Le conflit fait environ 6.000 morts et des centaines de disparus. Depuis, les deux parties de l'île n'ont pas évoluées de la même manière. Si la République turque de Chypre Nord est reconnue par la seule Turquie, la République de Chypre Sud est partie intégrante de l'Union Européenne. Il y a quatre ans, les Chypriotes grecs votaient contre le plan de réunification de l'île proposé par le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan - Demetris Christofias avait fait campagne contre. De l'autre côté de l'île, les Chypriotes turcs avaient accepté ce plan.

Et après ?
Le rapprochement entre les deux dirigeants chypriotes peut-il vraiment avoir un impact à long terme sur la vie politique complexe de Chypre ? Sur le fond, les positions restent toujours aussi tranchées. M. Christofias était, comme son prédécesseur, Tassos Papadopoulos, un adversaire du plan Annan, qu'il trouvait à la fois impraticable et déséquilibré en faveur de la partie turque. M. Talat, au contraire, veut que ce plan reste la base des pourparlers. Principaux contentieux ? "Les droits de propriété pour les Chypriotes grecs qui ont été chassés en 1974 de leurs terres du Nord et pour les Turcs qui les ont remplacés, l'immigration en provenance de la Turquie, qui a transformé en minorité les Chypriotes turcs d'origine ; enfin, la présence, au nord, de plus de 30 000 soldats turcs." selon Le Monde. Autre souci : pour être élu, M. Christofias a eu besoin du soutien du parti Diko (démocrates de centre-droit) de Tassos Papadopoulos, partisan d'une ligne très conservatrice face aux Chypriotes turcs. Selon la presse locale, il aurait promis à ce parti trois ministères, dont celui des Affaires étrangères. D'ailleurs, l'un des proches conseillers du nouveau président, Georgos Loukaides, avoue : "Les choses deviennent plus difficiles chaque jour. Nous voulons proposer une solution pour montrer que la mauvaise volonté est du côté turc". Du côté turc, c'est la même ambiguité : "La Turquie ne veut pas de solution, car une solution forcerait la Turquie à quitter Chypre, estime Ibrahim Aziz, collaborateur de la chaîne de télévision privée Antenna, et opposant notoire au régime pro-turc du nord. Et Talat est une marionnette d'Ankara."

Reste donc à savoir si cette main tendue ne va pas s'effacer avec le temps. Prochains éléments de réponse dans trois mois.

mardi 25 mars 2008

Haro sur le Coran

On croyait l'affaire des caricatures de Mahomet révolue. Il n'en est rien. Avec son pamphlet contre le coran, prévu pour début avril, le député néerlandais Geert Wilders réveille de vieux démons.


(Le Danemark et les Pays-Bas sont chaque jour la cible de manifestations en Afghanistan contre les caricatures du Prophète et le film de Wilders. Photo AP)

« L’islam peut nous coûter notre liberté si nous n’agissons pas contre lui ». Une déclaration, un brin provocante, signée Geert Wilders. Aux Pays-Bas, en quelques mois, le nom de ce député populiste néerlandais, chef du Parti de la liberté (PVV), est devenu célèbre. La raison ? Fitna, un pamphlet contre le Coran qu’il a réalisé cet hiver. Le leader d’extrême droite projette de le diffuser le 1er avril sur Internet. Un film qui gêne (presque) tout le monde.


Provoquer : la raison d'être du film
Et pour cause ! Fitna est né uniquement pour provoquer. Arrêtons nous sur le titre, d’abord. En arabe, il signifie la discorde. Pour Wikipédia (et Dieu sait la véracité des propos tenus sur les pages de Wikipédia), « fitna » est « généralement considéré comme très difficile à traduire mais est considéré en même temps comme un tout englobant se référant à la fois aux mots schisme, sécession, anarchie et troubles ». Et pour Wilders, le titre fait référence au « mal » : «J’ai insisté pour utiliser une expression qui se trouve également dans le Coran. Pour moi, le Coran vénéneux est fitna ».

Les rumeurs, ensuite. Elles contribuent grandement à la peur qui entoure la sortie de ce pamphlet. Le top du top : dans les dernières minutes du film, le député brûlerait le Coran. Mieux, le film serait accompagné d’un dessin animé moquant le prophète. Mais, à vrai dire, personne n’a encore vu le moindre rush ! En fait, Wilders joue la provoc à fond et ça marche. Il va jusqu’à décrire le Coran, dont il avait réclamé l'interdiction en août 2007, comme « le Mein Kampf de la religion qui vise à éliminer les autres et les traite de chiens d'incroyants ». Avis aux amateurs :






Si Geert Wilders voulait qu’on parle de son film, c’est gagné. S’il voulait faire peur, c’est carton plein. Le film devait être diffusé sur www.fitnathemovie.com. Jusqu'à dimanche dernier, le site Internet montrait la couverture du Coran sur fond noir avec le texte : "Prochainement : Fitna". Preuve de l’angoisse qui entoure la sortie du film: le fournisseur d'accès Internet américain Network Solutions a suspendu, dimanche 23 mars, l’accès au site. "Network Solutions a reçu un certain nombre de plaintes qu'il est en train d'examiner concernant ce site". Pas de quoi arrêter Geert Wilders : "S'il le faut, j'irai distribuer personnellement des DVD sur le Dam ».


"C’est la responsabilité du peuple des Pays-Bas de l’arrêter"
Les autorités néerlandaises sont elles aussi très mal à l’aise. Dans ce pays, jamais vraiment remis des assassinats de Theo Van Gogh et de Pim Fortuyn, personne n'a oublié l'affaire des caricatures de Mahomet. De nombreuses ambassades danoises avaient été attaquées dans les pays musulmans. « C’est la responsabilité du peuple des Pays-Bas de l’arrêter ». Ahmad Badr al-Din al-Hassouna, le Grand Mufti de Syrie, a mis en garde les Européens « ne pas abuser de la liberté d’expression pour critiquer l’islam ».
Dans ce climat, le premier ministre chrétien-démocrate, Jan Peter Balkenende a demandé début mars au leader populiste de stopper son projet : « Je trouve importante la liberté d'expression mais je pense aussi aux possibles victimes, aux militaires, aux entreprises, aux ambassades, aux Néerlandais vivant à l'étranger". Au fond, le gouvernement cherche surtout à faire comprendre aux pays musulmans qu'il ne peut être assimilé à M. Wilders. Sur tous les fronts, les Pays-Bas sont en état d’alerte, "au cas où". Médecins sans frontières Nederland a même pris les devants en rapatriant des équipes du Pakistan.
Malgré les critiques, difficile d’interdire le film. Selon son auteur, Fitna ne déroge à « aucune règle de l'Etat de droit ». Geert Wilders a même proposé de le montrer en avant-première au coordinateur national de la lutte antiterroriste, à condition d'avoir préalablement la garantie qu'il ne serait pas censuré.


La polémique ne va pas s'essouffler demain. Dernière trouvaille de Geert Wilders : il accuse Jan Peter Balkenende d'avoir lui-même « provoqué et amplifié l'inquiétude », en faisant en sorte que «tout le monde soit au courant, de Tombouctou à l'Afghanistan». Un coup médiatique impressionnant.

dimanche 23 mars 2008

"Les Français ne savent pas mettre en scène l'Europe"

Le blog Coulisses de Bruxelles, ça vous dit quelque chose ? Ce blog, particulièrement bien documenté sur les dessous de l’Union Européenne (UE), est rédigé par Jean Quatremer depuis 2005. Un journaliste de Libération, correspondant permanent auprès des institutions européennes depuis 1992. Un grand journaliste, petites lunettes sur le nez, et une main qui passe et repasse dans ses cheveux. De passage à Lille, dans un amphi de la fac de droit à moitié rempli, il nous a raconté sa vision de l'Europe et des médias. Flash back.





Pourquoi vous intéressez-vous à l'Union Européenne ?

L'Europe est passionnante. On essaie d’y construire quelque chose de radicalement nouveau. Des guerres, il y en a toujours eu, mais réussir à s’entendre au quotidien entre personnes de cultures opposées, cela tient de l'exploit ! Cela rend l'UE profondément complexe, dans les moindres détails. Même un passage de témoin entre un Anglais et un Français est compliqué : l'un aura classé ses fiches en dossiers, l'autre en aura fait des piles sur son bureau. Cela peut paraître risible, mais c'est la vérité ! Les Allemands et les Français ont des façons si radicalement différentes de penser que, s'ils n'étaient pas ensemble dans l'UE, je pense qu'ils se referaient la guerre.
Surtout, l’Europe est jeune. Saviez-vous ce qu’étaient les Etats-Unis en 1826, 50ans après leur création ? Une contrée de bouseux ! Nous, on a 27 Histoires, et bien plus de langues et de cultures différentes. Comment construire un espace public européen sans opinion publique européenne ? Comment construire cette Europe sans espace médiatique où Barroso (le président de la Commission européenne) peut s’exprimer à 20h ?


Comment rendre l'Union Européenne moins ennuyeuse ?

Nous autres, journalistes, nous devons raconter la face cachée des textes européens. Je suis sûr que le côté people des relations entre Européens, l'angle anecdotique de l'information européenne, intéresseraient les lecteurs et téléspectateurs. Parce que le processus de décision à Bruxelles est tout sauf glacial ! Ici, on passe notre temps à manger et à parler mais où décèle t-on ce contact humain entre tous ces Européens dans les papiers des journalistes français ? Le problème, c'est que les Français ne savent pas mettre en scène l’Europe.

Pourquoi ? Les journalistes en poste à Bruxelles seraient-ils mauvais ?

Non, mais je pense que les journalistes en poste à Bruxelles sont dépassés par la technicité de l’information. Ils n’ont pas le recul nécessaire, pas assez de connaissances en droit, en histoire et ils ne travaillent pas assez pour combler leurs lacunes. La plupart ne reste que deux ans à Bruxelles, c'est bien trop peu ! Les gens ont besoin de plus de temps pour vous faire réellement confiance. Moi, ça fait plus de 15 ans que j’exerce à ce poste : cela me donne un certain recul pour traiter l’actualité. J'ai mis un moment avant de comprendre l'importance de Napoléon ou de la guerre de Trente ans pour analyser la politique européenne actuelle.





Comment travaillez-vous avec les journalistes étrangers ?

On a crée un club francophone de journalistes spécialisés sur l’Europe, avec des Anglais, des Turcs, des Polonais, des Italiens, des Belges et des Portugais.
Cela m'a donné beaucoup de contacts utiles, aujourd'hui je décroche mon téléphone et j'ai qui je veux. Surtout, cela permet de saisir comment travaillent les confrères étrangers. Au bout d'un moment, on comprend que si l'on a besoin d'un document, il faut mieux aller le demander aux Danois, qui sont très à cheval sur la transparence des textes, qu'aux Français.


Plus généralement, qu'est-ce que le rôle du journaliste, aujourd'hui, dans notre société ?

Un journaliste doit dépasser sa volonté d'être respectable, d’être invité en ville. Il a le devoir de déplaire. Oui, faire de l’information, c’est déplaire. Un journaliste est là pour péter à table. Il est là aussi pour donner les bases fondamentales nécessaires pour comprendre l'UE aujourd'hui. Avec mon blog, j'ai vu que la stratégie économique de l'Euope était complètement méconnue : un journaliste doit chercher, par tous les moyens, à a y remédier.

samedi 22 mars 2008

Retard...

Ouh là là
Paraît qu'un blog, ça s'entretient à raison d'un post tous les trois jours, et voilà : je suis de retour après...un mois !
Pendant ce temps là, j'ai bossé sur les municipales dans le Nord de la France. Le résultat sur le blog Tout sur mon maire, descendez un peu et vous pourrez lire le super journal Free Candle.
Bonne lecture et à plus tard pour un retour de l'actu européenne !